J'aimerais mentionner un sujet assez peu évoqué dans les milieux #trans (ou en tout cas à l'époque où j'en fréquentais souvent) :
Les premiers mois de la transition

Que ce soit social ou médical (on ne passe jamais par la transition médicale sans avoir fait au préalable une transition sociale)

Ça peut très bien être 2 mois ou 1 an et demi (ou plus encore)
ce sont à la fois les pires moments et les meilleurs pour pleins de raisons à la fois

Et souvent dans les groupes que je fréquentais, ou quand j'entends les jeunes trans (dans le sens "fraîchement sorti du placard") c'est "wow tu verras comme c'est tellement bien cette période, tu te sens libre" etc etc

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Seulement, on se rend pas toujours compte de cette double expérience et des conséquences que ça implique.

Je précise : je ne m'appuies sur aucune stat, aucune étude
Je prends mes expériences, celle de mes proches, celles de toutes celleux qui sont venu-es un jour me parler de leur #transition en message privé, et tout celleux qui ont partagé des journaux de transitions publiquement (blog, vlog, thread, réseaux sociaux, etc.)

Le constat est assez préoccupant dans la mesure où, en souhaitant dépsychiatriser les debuts de parcours (et à raison !) on en met de côté le soin de la santé mentale qui peut être primordiale dans cette période de la vie

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Après tout, on change notre apparence, on change le regard qu'on a sur nous, celui que les autres ont sur nous. On change d'identité en fait.
Je ne parle pas de changer de personne ou personnalité, on reste la même personne. Votre fille, votre fils ou votre enfant non-binaire reste l'enfant que vous avez mis au monde/vu naître, que vous avez élevé, que vous avez vu grandir, il s'agit toujours de cette même personne.

Le seul hic, c'est qu'on retire le masque. Il y a une partie de notre identité qu'on a foutu sous le tapis. Et en sortant du placard, on assume petit à petit notre "moi" (pas au sens philo, juste... l'identité quoi)

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Et ce qui est à la fois le meilleur et le pire,; c'est cette période
Parce qu'on fait des coming-out.

Prenons Noah, ou Sacha ou Alex, un jeune homme trans random pour l'exemple.
Il vous fait son CO trans, vous entendrez un seul CO
En admettant qu'il fasse partie d'une fratrie de 3 enfants, qu'il soit en couple
Lui de son point de vue, il va le faire à chacun de ses proches, donc ici 5 personnes + les ami-es les plus proches
Et je ne parle que du début
Ensuite il y a les collègues, les profs/patrons, voisin, voisines.

au final on se retrouve à gérer les conséquences de dizaines de CO qui se passent plus ou moins bien

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Donc on a cette euphorie là, qui vient parce que ce collègue nous genre bien dès le premier jour
Ou ton pote qui t'offre ta première vraie chemise de Vrai Homme
Ou ta mère qui t'emmène chez le coiffeur pour homme

Mais tu as aussi tous ces gens qui vont nier, se montrer moqueur, agressifs, violent par divers aspects
Et au final, même si tu as + de gens qui t'entourent positivement, et un seul con qui te rejette, c'est ce con qui va occuper tes pensées.
Parce que ce con va donner le ton sur ce que tu vas endurer par la suite, les épreuves

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(d'où l'absolute nécessité d'être entouré quand on transitionne, d'entourer notre proche trans)

Il y a aussi ces moment contradictoire avectout ce changement, cette impatience
On doit changer touuute la garde robe mais on n'en a pas forcément les moyens
donc on continue de porter des fringues dysphorisant en alternant un peu avec des vêtement euphorisants

on a ces moments où au supermarché les caissier et caissière diront "bonjour monsieur !"
Et "oups madame !" parce que la transition sociale, parfois, ça ne fait pas tout...

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Il y a les moments de désespoir quand on a l'impression qu'on restera pour toujours "coincé" dans cette apparence
Le découragement, la peur de se tromper, la peur de l'inconnu

Et tout ça fait qu'on a besoin de soutien
Et mis a part les proches, souvent cis, qui ne peuvent pas comprendre un dixième de ce qu'on vit, on va le chercher où ?
Dans les groupes de discussions trans
Asso, forums, discord, réseaux sociaux, etc.

Et là quand plusieurs personnes en sont à peu près aux mêmes points de leur transition respectives, on se retrouve avec un effet de groupe qui a son importance et son inertie bienfaitrice, mais...c'est aussi le danger

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Quand le groupe s'écoute, se soutien, ça peut donner qqch de vraiment intéressant.
C'est ce qui m'est arrivé avec mon meilleur ami, que j'ai rencontré dans un groupe en 2014/15
On avançait chacun dans nos transitions et on avait compris que, même si nos histoires se ressemblaient beaucoup, elles n'étaient pas pour autant obligées d'avoir les Grandes Étapes aux mêmes moments
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Lui a commencé son hormonothérapie 3 ou 4 ans après moi, il a effectué sa mammectomie 4 ou 5 ans après moi
Le soucis avec les groupes d'ami-es qui se donnent une mauvais inertie, c'est quand les uns vont entrainer les autres dans des étapes qu'ils ne sont pas forcément prêt à franchir.

En 2015, je me souviens (avec pas mal de recul) qu'il y avait, dans ce groupe de mec trans et enby masc, cette courses aux hormones et aux mammec (on était vraiment peu nombreux à pouvoir avancer à cause du manque de soignants, de ressources)

Il y avait de façon assez subjective cette course où celui qui finissait le plus vite sa transition était... respecté ?

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Donc on avait des mecs trans qui voulaient commencer leur hormones (THS pour les intimes), et très vite avoir leur mammec et leur CEC
Et au final, même si c'était ce qui leur fallait, ce n'était pas forcément le bon moment, et ça a créée de gros problèmes d'ordre psychologique

Tu changes d'apparences (une puberté 2.0 qui commence alors que tu finis la tienne depuis peu, pour les plus jeunes)
tu bénéficie d'une opération qui a de lourdes séquelles psy (le blues post-op, avec cette sensation d'avoir fait une immense connerie)
et le CEC et devoir argumenter ton cas (avec avocat à l'époque) alors que tu as fermé les portes de ton placard y a moins d'un an.

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Soyons clair : il n'y a aucun problème à faire une transition rapide
Le problème c'est de le faire quand on n'est pas prêt.

En gros nous avons une période où on est pressé "de passer" (=> avoir un passing, avoir l'apparence du genre dont on souhaite avoir l'apparence)
pressé de se débarrasser de ce qui nous fait du mal :
certains aspect du corps jugés trop féminin/masculin par la personne, anciens vêtement, prénoms, pronoms, etc.

une période où on affronte les rejets et les agressions en même temps que les preuves d'amour et d'amitiés

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l'envie de faire comme ces autres personnes trans qui sont + avancées que nous

les méconnaissances et la découverte de tout ce bordel

les euphories de genre qui s'enchaînent avec les dysphories
(euphories de genre : moment très satisfaisants où on se voit comme le genre souhaités, par les vêtements, l'apparence, la voix, etc)

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Maintenant prenons spécifiquement cette période où on commence le THS, souvent quelques mois après le début de la transition sociale, quand on comprend qu'on ne veut pas rester avec cette apparence
Que les vêtement et la coiffure et le maquillage ne suffisent plus.

le changement hormonales qui s'opère est violent
chute hormonale pour les unes (les oestrogènes qui mettent un petit moment pour monter pendant que l'anti androgène suce toute la testo = peu d'hormones dans le corps, quand le soignant gère mal le dosage, et ça arrive souvent)

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Pour résumer
nous avons des personnes
- qui vont mal, qui se découvrent et vont petit à petit aller mieux
- sont confrontées à des rejets, des violences institutionnelles
- sont confrontées à cette sensation de lenteur, tout ne va pas assez vite mais à la fois ne sont pas prêtes à aller plus vite
- qui doivent apprendre les "codes" du genre ressenti, retour à la case "primaire"
- doivent dépenser des sommes importantes (vêtements, accessoires, opérations

toutes ces étapes difficiles pour à terme avoir une vie de femme/homme/enby comme n'importe qui

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Quand vous avez un proche qui transitionne
un fils, une soeur, un oncle, un-e parent-e, un-e ami-e

Soyez aussi présent que possible
ton frère a un rdv médical ? propose de l'accompagner
Ta mère doit récuperer un colis à la poste ? accompagne la
ton ami-e choisi une opération couteuse ? soutien lae comme tu peux (pot commun, participation à certains frais, hébergement, etc)

mettez vous entre la transphobie et votre proche, et ça lui permettra de vivre une transition la plus sereine possible

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Aujourd'hui, après 10 ans de transition médicale, je me suis retrouvé pour la première fois devant une médecin bienveillante qui a fait en 30min de rdv bien + que tout ceux qui m'ont "suivi" depuis le début.

En zone rurale, en France, il est difficile de transitionner sans support, ressources, aide, et proches
(+ malus si désert médical)

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t'as un-e proche qui transitionne qui est autant paumé-e que toi qui est cis ?
voici une ressource fiable pour l'aider au mieux :

wikitrans.co/

Site fait par des personnes trans pour... tout le monde.

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je suis pas du tout désolé pour le long fil, les choses ont besoin d'être dites et ça rentre difficilement en 5 posts
D'autant que je dois aussi penser aux gens qui n'ont aucun vocabulaire pour tout ça, et c'est essentiel de comprendre ça, soit pour aider/soutenir un-e proche, soit pour démarrer soi-même, savoir dans quoi on se lance

Transitionner c'est se sauver oui, mais faites le autant que possible dans les meilleures conditions, renseignez--vous, demandez de l'aide, il y a des gens qui peuvent aider.

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