Asgardia, une "Nation Spatiale" aux connexions russes troublantes
Un Projet Spatial aux Racines Militaires
Depuis octobre 2016, Asgardia se présente comme la première "nation spatiale" de l'humanité, dirigée par Igor Ashurbeyli et revendiquant 1,17 million de citoyens mondiaux. Derrière cette façade futuriste se cachent des liens troublants avec l'appareil militaro-industriel russe qui remettent en question l'indépendance proclamée du projet.
Igor Ashurbeyli : De l'Arsenal Russe à l'Espace
Igor Ashurbeyli, fondateur d'Asgardia, n'est pas le philanthrope spatial qu'il prétend être. De 2000 à 2011, il a dirigé NPO Almaz-Antey, géant de la défense russe responsable du développement des systèmes de missiles S-300, S-400 et S-500. Ces mêmes armes sont aujourd'hui massivement déployées par la Russie contre l'Ukraine, notamment les S-300 utilisés pour bombarder Zaporizhzhia en 2022.
Qualifié d'"idéologue principal de la défense anti-aérienne russe", Ashurbeyli porte une responsabilité directe dans le développement des capacités militaires russes actuelles. Depuis 2016, il dirige également le Parti de la Renaissance de Russie, révélant une double allégeance problématique.
Un Empire Financier Opaque
La fortune d'Ashurbeyli, estimée à 176 millions de dollars, provient de sa holding Socium et s'étend à travers l'Europe via un réseau complexe comprenant:
- Des propriétés de luxe en Grèce (villa et restaurant à Corfou)
- Des entreprises en Autriche, France, Monaco et Chypre via Socium-A
- Des sociétés offshore à Malte et aux Îles Vierges britanniques
Le financement d'Asgardia demeure mystérieux, reposant officiellement sur le "financement personnel" d'Ashurbeyli, des frais de citoyenneté de 100€/an, et une cryptomonnaie SOLAR aux mécanismes opaques. Pour des ambitions spatiales colossales - stations orbitales, colonies lunaires - ces sources paraissent insuffisantes et non transparentes.
Une Collecte de Données Massive Préoccupante
Bien que cette collecte ait été réalisée selon le plein gré des adhérents, plus d'un million de personnes ont fourni leurs données personnelles à Asgardia, créant une base d'informations considérable gérée par l'ancien dirigeant d'un complexe militaire russe, une collecte massive qui pose des questions sécuritaires évidentes dans le contexte géopolitique actuel. De plus, la façon dont ces données sont stockées ne respecte en rien les concepts du RGPD ou autres règlements.
Une Absence Suspecte de Sanctions
Malgré son rôle central dans le développement des systèmes d'armes russes utilisés contre l'Ukraine, Ashurbeyli ne figure sur aucune liste de sanctions occidentales. Cette exemption contraste avec le sort d'Almaz-Antey, lourdement sanctionnée depuis 2014, qui permet à la famille de maintenir son mode de vie européen.
Un Outil de Soft Power Déguisé ?
Certains experts considèrent Asgardia comme un potentiel outil de soft power russe permettant de:
- Contourner les traités spatiaux internationaux
- Collecter des données sur un million de citoyens internationaux
- Développer une influence géopolitique sous couvert scientifique
- Légitimer l'expansion spatiale russe via l'internationalisme
Des Réalisations Dérisoires:
Après neuf années d'existence, Asgardia n'a concrétisé qu'un seul nanosatellite (Asgardia-1). Les projets grandioses de stations spatiales et colonies lunaires restent à l'état d'annonces, rappelant des opérations marketing comme Mars One.
Un Défi Réglementaire Urgent
Le cas Asgardia révèle l'urgence d'adapter les cadres internationaux aux nouveaux défis du spatial privé. Les autorités européennes devraient examiner:
- Les activités financières de Socium-A dans l'UE
- La légalité de la collecte massive de données
- L'opportunité d'étendre les sanctions à Ashurbeyli
- Les mécanismes de contrôle des projets spatiaux à implications géopolitiques
Conclusion : Vigilance Spatiale Nécessaire
Asgardia illustre parfaitement les nouveaux vecteurs d'influence géopolitique du XXIe siècle. Derrière ses ambitions spatiales humanistes se dissimulent potentiellement des objectifs moins avouables, portés par un homme aux liens profonds avec le complexe militaro-industriel russe. N'oublions pas également que cet homme a également été président d'un parti, d'opposition certes, mais d'un parti politique russe.
Cette "nation spatiale" pourrait représenter l'une des formes les plus sophistiquées de soft power contemporain, exploitant les aspirations légitimes à l'exploration spatiale pour servir des agendas géopolitiques. Une sophistication qui exige la plus grande vigilance des démocraties attachées à préserver l'espace comme domaine de coopération pacifique, à l'abri des rivalités terrestres et des manipulations d'influence.
Mehdi Khouli pour n816 Media.
#asgardia #press #presse #media #softpower
References:
1 - sciencesetavenir.fr/espace/un-…
2 - trap.org.ua/en/publications/ye…
3 - euromaidanpress.com/2024/07/15…
4 - stopfake.org/en/russian-arms-m…
5 - reuters.com/article/lifestyle/…
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